François Ristori part toujours du même hexagone qu’il décide de positionner en un endroit de la surface qu’il a choisi de peindre. Il intervient alors systématiquement sur chacun des côtés qu’il modifie manuellement. L’hexagone est devenu une trace-forme. Elles sont toutes légèrement différentes les unes des autres.
La première trace-forme engendre verticalement et horizontalement les autres traces-formes par un processus d’emboîtement sur les côtés préexistants et des modifications des nouveaux côtés.
Les couleurs s’enchaînent, bleu, rouge, blanc, dans un ordre choisi par l’artiste pour chaque pièce. Cet ordre peut varier dans les autres travaux. Nous sommes en présence d’un travail de peinture au sens traditionnel du terme. L’artiste choisit ses supports (toiles, papier, etc.), ses formats et le point de départ de son processus de peinture qu’il respecte alors fidèlement.
Il est clair que le tableau n’offre pas de prise à une conception émotionnelle, voire spirituelle de l’art. La peinture-surface peinte n’a d’autre signification que son existence et son processus d’élaboration n’a de justification qu’en fonction des développements qu’il permet et des enseignements qu’il apporte.
Certaines traces-formes peuvent être incomplètes entre deux châssis voisins. Des traces-formes isolées peuvent aussi être utilisées en combinaisons avec une ou plusieurs toiles. Le travail de Ristori joue sur l’ambivalence, il a l’apparente complexité d’une peinture formaliste, indécrottable dans sa structure tant que l’on ne possède pas sa méthode de construction. Et il oblige au regard, il conserve une dimension sensible des que le processus de peinture est découvert.
Éric Decelles, catalogue Collection Fin XXe, Frac Poitou-Charentes, 1993.