Galerie Joy De Rouvre, Genève.
Du 31 octobre au 19 décembre 2020.
Contestant la pratique picturale de la scène française en vigueur, le travail de François Ristori (1936-2015) est en phase avec le degré zéro de la peinture des années 1960-1970 et les questionnements socio-politiques qui se font jour à cette époque.
Sa posture radicale est à rapprocher, en France, notamment* de la démarche de B.M.P.T (Daniel Buren, Olivier Mosset, Michel Parmentier et Niele Toroni) qui, au même moment, viennent critiquer la peinture pour la débarrasser des notions de don, de talent, d’inspiration, d’expression, valeurs académiques imposées par l’artiste (et le marché) et qu’ils jugent réactionnaires à l’aune de la révolte anti-autoritaire ambiante.
Avec un protocole écrit immuable et à l’aide d’un gabarit de carton spécifique, François Ristori trace des hexagones, qui, après une intervention précise (une translation géométrique), deviennent les «traces-formes» ; dessinées au crayon, puis peintes (toujours en bleu, rouge et blanc), elles s’autogénèrent, s’emboîtent et se multiplient sans cesse jusqu’à occuper la totalité des supports dans le lieu et l’espace qui les abritent.
François Ristori refuse que son travail offre prise à une quelconque conception émotionnelle, tout comme il conteste l’illusionnisme qu’il considère comme des artifices. Ainsi, la surface peinte n’a pas d’autre signification qu’elle-même et elle est réduite à sa seule objectivité : un châssis, une toile, des pigments.
L’ensemble des trois couleurs est utilisé aussi bien pour sa capacité visuelle immédiate que pour son côté élémentaire et banal. Enfin, le processus est répété sans cesse pour éviter, non seulement l’unicité propre à l’œuvre d’art traditionnelle mais aussi pour révéler un travail atemporel.
Le début de carrière de François Ristori revêt une intense activité ; alors qu’il n’a pas été invité à participer à la Biennale de Paris en 1969, Daniel Buren et Niele Toroni se retirent pour lui laisser place. En 1971, il obtient une première exposition personnelle chez Yvon Lambert, participe en 1972 à la rétrospective «Activité d’un bilan» du même galeriste (aux côtés notamment de On Kawara, Brice Marden, Robert Ryman,….) expose à Bruxelles et à New-York (1976) au Musée d’Art Moderne de Paris (1977) ainsi qu’au futur Consortium de Dijon (1979).
D’importants ennuis de santé vont contraindre François Ristori à réduire fortement le rythme de son travail dès les années 1980, empêchant alors la pleine reconnaissance d’une démarche pertinente et singulière.
A relever que des projets d’expositions dans d’importantes institutions en France sont actuellement en cours, permettant ainsi de révéler à sa juste mesure un travail qui rend compte de la fin du modernisme en suscitant une véritable réflexion sur l’acte de peindre dans (et en dehors) du champ de l’art.
*mais aussi de Claude Rutault, André Cadere, Bernard Joubert avec qui François Ristori entretiendra de nombreux contacts